Pour un parti des communistes de France. Contribution au 34ème Congrès du PCF
La préparation de notre 34ème congrès entre dans une phase cruciale. Je ne sens pourtant pas un élan correspondant à l’importance de l’enjeu, à savoir la disparition ou la pérennité d’une formation politique se réclamant du communisme! Tout se passe comme si le choc de 2005 s’était amorti et comme si les alarmes qu’il avait suscitées s’étaient dissipées. On se rassure à bon compte sous prétexte que le résultat des élections municipales et cantonales est moins pire que prévu. La réalité est que, pour la majorité des travailleurs, des salariés (et je ne parle pas des « gens »!), le parti, au gouvernement, a donné l’image de l’impuissance, dans l’opposition, il donne celle de l’inutilité, jusqu’à ne plus susciter que l’indifférence. L’étude publiée dans L’Huma (4.9.2008) ne fait que le confirmer.
Je l’affirme, le Parti communiste français ne peut plus continuer tel qu’il est. Il serait insensé de faire semblant de méconnaître le poids des erreurs massives et des symboles usés qui arrivent à masquer l’immense héritage positif de son action. Une rupture est nécessaire. On ne saurait se satisfaire d’un PCF « relooké », genre « mutation », consistant à sauvegarder les apparences avec pour seule ambition de modifier « l’image » du Parti et, incidemment, de préserver des positions dominantes au sein de l’appareil. La posture symétrique, reposant sur le poncif creux d’un « retour aux fondamentaux », n’est que le discours d’une nostalgie impuissante. D’autres proposent une sorte de dilution dans un rassemblement antilibéral sur le modèle allemand de Die Linke. Trois remarques: les conditions historiques de la formation de Die Linke sont difficilement transposables; le sort de la « composante » communiste y semble incertain; on a déjà touché du doigt les limites politiques de l’antilibéralisme. La proposition de Lucien Sève d’un mouvement fonctionnant horizontalement, en réseaux, me paraît faire la part trop belle à une forme de spontanéisme qui semble ignorer que l’idéologie libérale a produit ses effets individualisants et d’adhésion aux formes de la domination. Ce qui indique d’ailleurs en creux la nécessité d’une pédagogie de l’action communiste.
L’organisation communiste à (re)construire, en tout cas, doit aller au-delà du PCF et rassembler le plus possible de tous ceux qui se pensent communistes ou se réclament du communisme. Il faut regrouper les forces des adhérents du PCF, des milliers de communistes sans cartes, des militants de syndicats, de groupes, d’associations (qui pourraient même adhérer en tant que tels), des militants trotskystes (qui sont d’authentiques communistes) déroutés par la dérive médiatico-mondaine de la LCR ou le repli de Lutte ouvrière et du PT. Il faut aller avec audace vers un grand Parti des communistes de France fondé sur la richesse des débats, y compris entre courants organisés (qui de toute façon existent déjà!) et répudier définitivement toute réminiscence d’un centralisme démocratique qui n’a jamais été qu’un mécanisme de domination des dirigeants par rapport aux dirigés. Seul le débat peut fonder la recherche permanente de l’unité de projet et d’action.. C’est un tel débat qui a dynamisé le mouvement communiste à ses débuts avant que ne s’abatte la chape de plomb du stalinisme!
Ce dont une gauche de gauche a besoin, ce n’est pas d’un nouveau parti anticapitaliste mais bien d’un nouveau parti communiste. Et je crains que, faute de répondre à cette attente, les « profondes transformations » dont parle la « base commune » ne rejoignent tôt ou tard le grand cimetière de la langue de bois et des occasions perdues.
Gérard LOUSTALET-SENS Contribution pour le 34ème Congrès du PCF, 8 septembre 2008.