Une seule solution écologique : l'abandon du capitalisme

L’écologisme consiste à colorier en vert un système économique qui détruit l’humanité et la biosphère, le système capitaliste, qui n’est jamais mis en cause en tant que tel, sinon à la marge et dans une perspective réformiste. Comme s’il suffisait d’amender le FMI et de policer l’OMC, bref de « moraliser » le capitalisme, pour sauver le monde de la cupidité et de la rapine libérales. L’écologisme, enfermé dans une « approche purement environnementaliste de l’écologie » (Aurélien Bernier, Corinne Morel Darleux, www.legrandsoir.info ) ne défend plus qu’une écologie d’accompagnement d’une société marchande dont il n’y aurait qu’à limiter les excès. Pour paraphraser une formule célèbre, la perspective écologiste n’est plus que le capitalisme plus les énergies renouvelables avec comme moyens la culpabilisation individuelle et la fiscalité « verte » qui sanctionne d’abord les pauvres.

Je ne sais pas si José Bové, fraîchement converti au libéralisme soft (on ne copine pas impunément avec un Cohn-Bendit!) est toujours porte-parole de Via Campesina, mais où sont donc les actions sérieuses entreprises contre le complexe agro-industriel mondial? Bien sûr on a dénoncé les semenciers (Monsanto, Du Pont), mais il n’y a pas qu’eux. C’est à tout un système de pillage et d’exploitation des ressources alimentaires où les profits sont gigantesques qu’il faut s’en prendre. Les trusts de la transformation alimentaire et de la grande distribution se partagent le gâteau avec les semenciers aux dépens des peuples et de la sécurité alimentaire de l’humanité. Il est évidemment plus aisé et médiatiquement plus payant d’aller arracher quelques pieds de maïs OGM chez l’agriculteur du coin plutôt que de s’attaquer aux véritables fossoyeurs de l’agriculture mondiale que sont les cadors du système alimentaire mondial que l’on pourrait résumer, mais il y en a d’autres, au trio Monsanto/Nestlé/Carrefour...

Le refus obstiné de mettre véritablement en cause le capitalisme rend vaine toute l’agitation pseudo écologique d’aujourd’hui. On voit ainsi un vieux routier de l’environnementalisme comme Simon Charbonneau incriminer de vagues « décideurs » qui seraient simplement « formatés par les Trente Glorieuses » (Sud-Ouest, 22.10.2009). Un semblant d’analyse aussi courte que superficielle. Dans la même page, un certain Patrick Faucher, qui est quelque chose au « développement
durable » à Bordeaux, croit, pour maîtriser la situation, à une « gestion de bon père de famille »! Dérisoire. On ne veut pas voir que ce qu’on appelle abusivement « croissance » est en fait le mode de fonctionnement indispensable à la survie du capitalisme. Le capitalisme n’est pas fait pour produire des biens mais pour générer du profit sans trêve et par tous les moyens, on fabriquera donc n’importe quoi pourvu qu’il y ait un « marché » qu’au besoin on suscitera par tous les artifices de la pub. On assiste à une véritable fuite en avant où les richesses les plus inutiles et les gaspillages les plus aberrants sont comptabilisés comme autant de « points de croissance » en plus dont il faudrait se réjouir. Il faut dire clairement que le capitalisme a depuis longtemps cessé de jouer le rôle que lui attribuait Marx dans le développement des forces productives. La croissance capitaliste n’est plus qu’un monstrueux parasitage qui épuise les ressources humaines et matérielles de la planète pour la seule satisfaction de la soif de lucre d’une toute petite minorité de ploutocrates.

Le seul principe écologique pertinent parce qu’authentiquement anticapitaliste, c’est donc ladécroissance, non pas la décroissance misérabiliste, archaïsante et malthusienne d’un Yves Cochet mais un nouveau mode de rapports humains fondés sur la partage et la coopération où l’on ne produit pas pour faire du fric mais pour répondre à de vrais besoins. Un excellent exemple de décroissance est la distribution de pommes et de kiwis organisée par le PCF et des syndicalistes paysans en février dernier devant la mairie de Bordeaux. On aurait même pu demander un prix minimum. L’important est que ce genre d’action, encore symbolique, montre qu’une véritable révolution écologique passera, entre autres, forcément par un court-circuitage des périples complexes de la distribution capitaliste des biens qui n’est qu’une immense dilapidation génératrice de profits fabuleux et de gaspillages insensés. L’élimination d’intermédiaires parasitaires dans la production comme dans la distribution, c’est autant de « croissance » (capitaliste) en moins. Le problème n’est pas une insuffisance de richesses dans le monde mais la scandaleuse inégalité de leur répartition. Une seule solution : l’abolition du capitalisme!

12 avril 2010