Le Monuments aux morts de Cambes 1914-1918

 

 

L'information historique sur le Monument aux morts de Cambes est fragmentaire. La seule source sûre, dans l'état actuel des recherches, réside dans deux délibérations du Conseil municipal transmises à la Préfecture (1). La première est datée du 9 mars 1924. Sous la présidence du maire, M. Dulas, sont présentées « diverses maquettes d'auteurs différents relatives au monument aux morts à élever aux Enfants de la commune morts pour la France ». Le choix se porte à l'unanimité sur le projet de M. Chaverou, sculpteur statuaire à Bordeaux et « auteur de divers monuments dans le département de la Gironde ». Les fonds sont disponibles et le Conseil décide de « confier immédiatement l'exécution du projet à M. Chaverou ». Le 12 mars, la Préfecture accuse réception : le projet sera soumis à l'examen de la Commission départementale technique instituée à cet effet. Des pièces sont demandées : croquis de l'emplacement, plan, dessin ou photographie (?) du monument, devis, cahier des charges ou traité de gré à gré, ressources pour faire face à la dépense, souscription...Dans une deuxième délibération (1er juin 1924), le Conseil autorise le maire à traiter de gré à gré avec M. Chaverou pour l'érection du monument. Le budget communal pourra faire face à la dépense, les fonds disponibles inscrits au budget additionnel de 1925 s'élevant à 11 000 francs. Mme Laporte a mis en outre à la disposition de la commune une somme de 1 000 francs.

Le montant du devis n'est pas connu, les dates de construction et d'inauguration sont incertains. Elles sont en tout état de cause postérieures à 1924, ce qui classe Cambes parmi les retardataires, la plupart des monuments de village ayant été inaugurés avant 1922 (2). Par contre, les monuments décorés d'une statue comme l'est celui de Cambes sont nettement minoritaires et aussi d'un coût plus élevé (3). Cette statue de femme éplorée, tenant dans ses mains une longue tresse de lauriers, peut être celle d'une épouse, d'une mère, de la Patrie ou de la République. L'inscription à l'arrière du monument : « Cambes à ses glorieux morts 1914-1918 », fait pencher pour une allégorie de la France meurtrie donnant au monument un caractère patriotique, ce qui n'est pas forcément partout le cas.

 

Le monument comporte l'inscription de 42 noms. On peut noter, comme partout, un certain nombre d'erreurs et d'incohérences dont la fréquence a pu être accentuée par l'écart de 6 années avec la fin du conflit. Les erreurs les plus gênantes portent sur l'orthographe des noms de famille : Cadin pour Cadix, Fourquet pour Fourouet, Gombaud pour Gombeau. L'inscription ne comporte que l'initiale d'un prénom : dans au moins 12 cas cette initiale ne correspond à aucun des prénoms de l'état-civil. Le vieux cimetière de Cambes compte 5 tombes de soldats morts pour la France, les corps ayant été restitués aux familles. Il s'agit de Marc Auzard, Edgard Beyre, Martin Dos Santos, Léo Sorges et un soldat inconnu. Pour Marc Auzard, cela paraît logique, dans la mesure où il est décédé de maladie à son domicile de Baurech en 1916. Par contre, Valmont Bernard, également décédé de maladie à son domicile à Cambes en 1917, ne figure pas dans le carré. Une particularité de Cambes, les grades sont indiqués : capitaine, lieutenant de vaisseau, médecin-major, sous-lieutenant.

Sur les 42 noms, et dans l'état actuel des recherches, il n'a pas été possible de retrouver les informations concernant 6 d'entre eux : Beyre E, Ducasse E, Fourouet (Fourquet G sur le monument), Lafon B, Peyron L, Videau L. Le cas de Beyre est singulier : il a une tombe à Cambes, comme on l' a vu, mais il n'apparaît sur aucun des sites d'archives de la Grande Guerre. Il est même absent du site MemorialGenWeb alors que les 5 autres y sont au moins nommés. Les remarques générales qui pourront être faites avant d'aborder les cas individuels porteront donc sur 36 noms. Quinze d'entre eux sont bien des enfants de la commune nés à Cambes. Sept autres sont natifs de communes avoisinantes, Saint-Caprais, Latresne, Quinsac, Baurech, Camblanes, Espiet. En ce qui concerne les professions, on ne sera pas étonné, à Cambes, de recenser 9 tonneliers. Le travail de la terre concerne 12 de ces jeunes hommes (cultivateur, jardinier, champignonniste, vigneron), 4 sont dans les métiers du bâtiment (maçon, charpentier, peintre en bâtiment). On compte 3 étudiants, 2 militaires de carrière, 1 boulanger, 1 valet de chambre, 1 m anoeuvre (3 non mentionnés).

 

Les morts vont se répartir sur les cinq années de guerre, chacune apportant son lot de disparus : 6 en 1914, 7 en 1915, 5 en 1916, 7 en 1917, 11 en 1918. L'année 1914 s'avère la plus meurtrière : 6 morts en 5 mois ! Jean Maubrac, Armand René Paillou, Augustin Chrétien, François Trinque, Jean Pierre Henri Laporte et Henri Georges Victor Lannes. Tous ces destins ont la même noblesse, tous ces sacrifices la même valeur. Certains peuvent paraître plus singuliers que d'autres ou emblématiques par la cruelle banalité de leurs épreuves. On s'y attardera mais dans les notices individuelles en fin de volume toutes les informations disponibles et retrouvées concernant chaque nom seront présentées.

Le premier mort cambais sera Jean Maubrac, tonnelier de 28 ans, qui tombe officiellement le 25 août, 20 jours après son rappel. Le lieu : Etain, dans la Meuse, au cours du repli du 20ème RI qui venait de subir le premier choc de l'offensive allemande à travers la Belgique. C'est la bataille des frontières et l'on commence à comprendre que la guerre ne sera ni fraîche ni joyeuse et que l'on ne sera pas demain soir à Berlin !

Début septembre, la première bataille de la Marne permet aux Français de reprendre l'avantage. Elle est suivie de la bataille de l'Aisne. Armand René Paillou, charpentier, est de ces « ajournés » par les conseils de révision pour « faiblesse » qui seront pour la plupart finalement appelés. Il aura même droit aux « Colonies » : Algérie, Maroc puis de nouveau Algérie, tout ça entre décembre 1907 et février 1908. Rappelé le 4 août 1914 au 2ème régiment du génie, il est tué au combat de Pontavert (Aisne), un village pris par les Allemands puis reconquis le 15 septembre par les Français. Armand René meurt le 16, à 30 ans après 1 mois de campagne. En octobre, la guerre de mouvement est terminée, ce mois est une période de calme relatif. Le front s'est stabilisé mais on y meurt encore.

Henri Georges Victor Lanes est lieutenant de vaisseau. Il est affecté au 2ème régiment de fusiliers-marins pour la défense de Dunkerque lors de la « course à la mer » entreprise en septembre et octobre par les belligérants et qui sera le dernier épisode de la guerre de mouvement. Henri Lannes est blessé à Rosendaël, près de Dunkerque, « en ramenant sur l'ennemi ses hommes démoralisés par la mort des deux lieutenants et le feu roulant des Prussiens » (4). Il décède de ses blessures le 26 octobre à l'âge de 36 ans.

 

1915 restera comme l'année de la guerre des tranchées par la généralisation de ce système. Ce n'est pas seulement un système défensif car il comporte pour les combattants l'assaut régulier des tranchées adverses à travers la boue et les balles, les barbelés et les explosions... Ces ruées, plus ou moins bien préparées -le commandement français découvrant tardivement l'utilité de la préparation d'artillerie-, sont prolifiques en morts et en blessés. Le monument de Cambes compte 7 de ces victimes : Elie Champagne, Pierre Carreyre, Jean Armand Soulié, Pierre Germond, Alfred Pinaud, Armand Jean Paillou, Martin Dos Santos.

Pierre Carreyre est cultivateur lorsqu'il est incorporé le 3 septembre 1914 au 20ème RI cantonné à Somme-Suippe dans la Marne, secteur meurtrier où a déjà péri le capitaine Laporte 3 mois auparavant. Le 11 février, le régiment assiste à une soirée récréative donnée par la troupe théâtrale du corps d'armée. Le déroulement en est soudainement troublé par un ordre de départ pour une offensive prévue le 12. Le régiment revient dans son cantonnement de Somme-Suippe, mais voilà que la neige est tombée et que l'artillerie n'a pu se régler. C'est le 16 que l'artillerie se déclenche : attaque générale, des tranchées ennemies sont enlevées... C'est ce même 16 février 1915 que Pierre Carreyre est « tué à l'ennemi », selon la formule consacrée, à Perthes les Hurlus. Il avait 20 ans. Les pertes s'élèvent à 650 hommes dont une centaine de blessés.

A presque 40 ans, il est né le 10 avril 1875, le tonnelier Jean Armand Soulié est mobilisé le 14 août 1914 au 140ème régiment d'infanterie territoriale (RIT). Ces formations étaient composés d'hommes de 34 à 49 ans, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d'active ou de réserve. Jean Armand Soulié était caporal et se livre sans doute aux tâches confiées à l'infanterie territoriale : creusement et entretien des tranchées, assainissement du champ de bataille, réparation des défenses, surveillance des voies de communication, voire garde des prisonniers. Cela ne l'empêche pas d'être mortellement blessé à Sailly sur la Lys, dans le Pas-de-Calais le 28 mars 1915.

Pierre Germond meurt également de ses blessures le 10 avril 1915 à Braux Sainte Cohière, à mi-chemin de lieux aussi symboliques de l'histoire de France que Valmy et Sainte-Menehould. Il a 39 ans lorsqu'il est incorporé au 3ème régiment d'infanterie coloniale (RIC). L'historique de cette formation relate ce moment de « guerre des mines » où l'on creusait des galeries souterraines pour faire exploser des mines sous les positions adverses : « les boyaux sont remplis d'eau jusqu'aux genoux. La pluie qui tombe sans arrêt rend inutiles les efforts des écopeurs. Pendant la période du 8 au 12 avril, le travail a été très dur. La pluie persistante met les tranchées et les boyaux dans un état lamentable ». Sans doute est-ce ici que Pierre Germond a succombé (5).

Martin Dos Santos, champignonniste à Cambes, est rappelé le 3 août 1914, lui aussi dans l'infanterie coloniale, au 7ème RIC venant du 37ème régiment de réserve caserné à Bordeaux. Le 7ème RIC va participer à la seconde bataille de Champagne entamée le 28 septembre 1915. Le régiment passe en première ligne le 9 octobre alors que la bataille, en principe, prend fin. Les combats arrêtés le 1er octobre par le général Pétain ont repris le 6. Le 9, donc, le 7ème RIC relève le 35ème RIC et sera lui-même relevé le 11. Martin Dos Santos meurt de ses blessures le 10 ! A un ou deux jours près, il était sauvé... Au moins pour cette fois...

 

1916, c'est Verdun, la mère des batailles pour les Français. A part Marc Auzard, c'est en ce lieu que quatre noms du monument de Cambes sont morts pour la France : Jean Barrière, Claude François Martin, Michel Godelièvre, Jean Hubert Mourgues. Les trois premiers, qui ne sont pas natifs de Cambes, se retrouveront ensemble sur son monument comme ils ont disparu ensemble, quasiment en même temps et au même endroit avec le 123ème RI. Jean Barrière, cultivateur né à Camblanes, va succomber dans les combats du Fort de Moulainville à l'est de Verdun, le 11 mai à l'âge de 26 ans. Le caporal Jean Barrière a accumulé les décorations : croix du combattant, médaille de la Victoire, médaille commémorative.

C'est le même jour que disparaît Claude François Martin né à Bordeaux. D'abord ajourné pour « faiblesse » en 1894, il est appelé à l'activité en 1896 et, alors étudiant en médecine, il est incorporé au 144ème RI où il est nommé médecin auxiliaire de réserve. Il est mobilisé le 2 août au 123ème RI comme médecin aide-major. Il est donc tué à l'ennemi le 11 mai, à 21 ans, en un de ces lieux emblématiques de la bataille de Verdun, le bois de la Caillette. Peut-être y a-t-il croisé Michel Henri Godelièvre, toujours au 123 ème RI, jardinier né a Pineuilh, guère plus âgé. Blessé et décédé, au bois de la Caillette, le 12 mai à 22 ans, Michel Henri Godelièvre, croix de guerre, avait été cité à l'ordre du régiment le 30 octobre 1914 : « Tous les volontaires ont dirigé et exécuté avec intelligence et entrain une audacieuse reconnaissance sur un village situé en amont de nos lignes occupé par l'ennemi, y ont fait douze prisonniers dont un aspirant officier et ont rapporté leurs blessés et leurs morts, ont ainsi donné au commandement les moyens d'obtenir une série de renseignements très importants ». L'historique du 123ème RI décrit ainsi le combat du bois de la Caillette : « Le 3 mai, l'ordre est donné de relever les troupes du sous-secteur des Carrières (…). Pendant neuf jours, le régiment va opposer une résistance héroïque aux assauts de l'ennemi, aidé d'un puissant matériel (…). C'est dans ce chaos infernal du bois de la Caillette, où la terre est sans cesse retournée par les obus qui ensevelissent les vivants comme les morts, que les hommes du 123ème RI, presque privés de chefs, repoussent toutes les attaques furieuses, allant jusqu'au corps à corps, d'un ennemi supérieur en nombre et en moyens, et tiennent jusqu'à l'extrême limite des forces humaines » (6).

Le boulanger cambais Jean Hubert Mourgues était engagé volontaire pour 3 ans en 1907.Il est rappelé le 3 août 1914, à 26 ans, au 344ème RI girondin. Celui-ci est le régiment de réserve du 144ème : les régiments de réserve se rattachaient à un régiment d'active dont ils reprenaient la numérotation augmentée de 200, avec le même lieu de recrutement et la même garnison. Le 20 août, le 344ème est alerté de nuit pour assurer « la défense du point le plus menacé de la place de Verdun », à Fleury et à Vaux-Chapitre , en avant du glacis de Souville : « Les obus ont tourné et retourné chaque parcelle du sol. Les villages sont rasés, les bois anéantis. Le paysage n'est plus qu'un chaos informe. La mort plane en souveraine sur cet horrible champ de bataille. Les nombreux cadavres épars attestent le carnage des jours précédents. Après avoir fauché et enterré les hommes, la mitraille les désensevelit. La phrase de Dante : « Ici il faut laisser toute espérance » surgit à l'esprit au bord de cet enfer » (7). Jean Hubert Mourgues succombe le 3 août à 28 ans alors que « la ligne française et l'allemande (sont) à peu près indistinctes. Le ravitaillement quasi impossible. Privation absolue de sommeil. Une soif atroce, plus terrible que la faim, épuise les hommes. Les mitrailleuses ennemies interdisent à quiconque de lever la tête. Vivants et morts demeurent couchés côte à côte » (8).

 

On a parfois qualifié 1917 d'année terrible ou d'année décisive... Mais quelle année ne l'a pas été? C'est en tout cas une nouvelle hécatombe, celle du Chemin des Dames (16 avril-24 octobre), avec sept noms de plus sur le monument aux morts de Cambes : Jean Baptiste Soulé, Jean Odile Brassens, Georges Vialla,Valmont Bernard, Victor Raoul Pagès, Jean André René Nattes, Pierre Léo Sorges.

Georges Vialla est étudiant lorsqu'il se porte engagé volontaire le 9 janvier 1915 à 18 ans et 5 mois. Il est cavalier au 8ème puis au 6ème régiment de cuirassiers. Promu aspirant puis sous-lieutenant, il passe au 123ème RI le 24 février 1916. Le 5 mai 1917, toute la 35ème DI passe à l'attaque, le 123ème RI est encadré à droite par le 57ème et à gauche par le 249ème. L'objectif : prendre le plateau de Vauclair et rejeter l'ennemi dans la vallée marécageuse de l'Ailette : « A 9 heures, les deux vagues successives sortent des tranchées. La première ligne ennemie est enlevée, la garnison prisonnière (60 hommes), la progression continue à travers le bois (…). Mais la droite se heurte à deux mitrailleuses qui surgissent soudain d'un abri et prennent de flanc nos éléments avancés » (9). Une fois les mitrailleuses réduites, « à 17 heures, tous les objectifs sont atteints et la liaison établie à droite et à gauche avec les éléments voisins... ». Il y a 800 prisonniers et le 123ème est cité à l'ordre de l'Armée. Le sous-lieutenant Vialla, lui, est tombé au feu, sur le plateau, le 7 mai, à 20 ans.

André Nattes est un jeune charpentier de 20 ans lorsqu'il est incorporé au 108ème puis au 412ème RI en juin 1916. Il avait déjà été blessé par un éclat d'obus avec le 108ème le 3 janvier 1916. De juin à octobre 1917, le 412ème est au dégagement de Verdun sur la côte du Poivre et la côte 344. L'attaque est fixée au 20 août. Le 412ème occupe le centre du dispositif. André Nattes est à l'assaut de la côte 344, il y perd la vie par balle le jour même. Il avait 22 ans. Le combat, minutieusement reconstitué dans l'historique du 412ème RI, vaut à ce régiment une citation à l'ordre de la IIème armée avec le motif suivant : « Le 20 août 1917, commandé par le lieutenant-colonel de Gourlet, a vigoureusement pris part à l'attaque de la cote 344, atteignant tous ses objectifs le jour même et le lendemain matin. A maintenu et consolidé ses positions pendant cinq jours, malgré des contre-attaques violentes et répétées, des bombardements incessants et des pertes sévères. A fait des prisonniers et pris des mitrailleuses » (10). André Nattes sera cité à l'ordre du régiment le 3 septembre 1917 : « Tireur d'un calme merveilleux, a à plusieurs reprises contribué par son tir bien ajusté à favoriser l'avance de ses camarades. Atteint mortellement au moment où il exécutait un tir sur les tranchées ennemies » (11).

Pierre Léo Sorges, champignonniste, est rappelé à 36 ans, le 13 août 1914, après avoir été  ajourné  pour « faiblesse » par son conseil de révision en 1899. Il passe au 225ème RI le 12 juin 1917. En octobre, le régiment est envoyé à Verdun et subit plusieurs attaques en particulier le 9 novembre où les vagues d'assaut utilisent des lance-flammes. Pierre Léo Sorges est tué à l'ennemi ce jour-là au Bois des Carrières, près de Bezonvaux, totalement détruit en 1916 et qui sera un des neufs villages déclarés « morts pour la France ». Le 225ème sera cité à l'ordre de l'armée avec le motif suivant : « (…) Dans la journée du 9 novembre1917, attaqué par des troupes fraîches supérieures en nombre, avec des lance-flammes, appuyées par un bombardement d'une intensité inouïe a réussi à maintenir ses positions grâce à un esprit de sacrifice absolu, à sa discipline, à ses contre-attaques instantanées et acharnées, à sa cohésion et à son moral digne de la plus grande admiration » (12). Pierre Léo Sorges, lui-même, est cité à l'ordre du régiment, en date du 21 novembre : « Bon soldat grenadier. S'est particulièrement distingué lors d'une attaque ennemie le 3 novembre 1917 » (13). Il disparaît donc le 6 novembre après 3 ans de guerre et une citation. Et dire qu'il avait été ajourné pour « faiblesse » !

 

1918. En mars, Ludendorff lance l'offensive de la dernière chance et les Allemands sont de retour dans la Marne. En juillet, la situation est de nouveau retournée. Il reste 4 mois de guerre. Onze des noms du monument aux morts de Cambes sont tout de même tombés cette année-là : Gabriel Raymond Dubourdieu, Jean Ismaël Lataste, Emile Gustave Albert, Léon Lasserre, Jean Capdeville, Lucien Jean Saint-Laurent, Jean Gombeau, Charles Ernest Cabouillet, Philippe Désiré Grelot, Jean Louis (?) Barrière, Pierre Eugène Cadix.

Jean Ismaël Lataste est cultivateur. Engagé volontaire pour 3 ans le 15 mars 1913, il est cavalier au 15ème régiment de Dragons. Il passe au 9ème régiment de cuirassiers à pied le 27 mars 1918 au moment de l'ultime offensive allemande. Le régiment occupe en avril le secteur du Plessis de Roye. Un coup de main est préparé sur le village (en ruines) de Lassigny dont les Allemands convoitent la position. La mission est accomplie le 17 mai avec « ardeur », « intrépidité » et « entrain » comme l'assure l'historique toujours bravache des années 20. Il paraît même que les hommes de la 7ème compagnie avaient « la chance enviée de leurs camarades de rencontrer le secteur le plus solidement occupé par l'ennemi, car, si la tâche y est plus périlleuse, la gloire y est plus grande » (14). C'est à Lassigny, ce 17 mai, que Jean Ismaël Lataste laisse sa vie au combat à 25 ans.

Léon Lasserre, tonnelier, a effectué son service militaire en 1909 au 8ème régiment de cuirassiers. Il est rappelé le 3 août 1914 au 18ème escadron du train pour finalement passer le 23 juin 1916 au 14ème régiment d'artillerie. Celui-ci contient l'avance allemande qui débute le 21 mars 1918 dans le secteur d'Assainvillers. En avril et mai, le régiment réaménage ses positions «  en vue de résister à une forte attaque ennemie prévue ». Léon Lasserre meurt de ses blessures à l'Hôpital mixte de Senlis, le 8 avril, après avoir assuré sa part de la tâche comme l'indique la citation du 22 juin 1918 accompagnant la médaille militaire : « coureur cycliste d'un dévouement absolu. S'est toujours dépensé sans compter. Très grièvement blessé en transmettant un ordre, ne s'est préoccupé que du pli qu'il était chargé de porter ». Il avait 30 ans et 3 ans et 8 mois de guerre.

Lucien Jean Saint-Laurent est peintre en bâtiment lorsqu'il est mobilisé le 4 septembre 1914, à 20 ans, au 55ème RI. Après presque 4 ans de guerre, c'est sans doute le 10 juin 1918 qu'il sera mortellement blessé dans la défense de la rive sud du Matz. C'est sur cette rivière de Picardie que Ludendorff est bloqué. Mais l'attaque est violente sur le 55ème, « le souffle du sacrifice passe dans tous les coeurs », ose l'historique du 55ème. Bien entendu, « les Boches s'abattent dans les herbes et jonchent le sol de toutes parts ». « L'heure est tragique, infernale », concède l'historique. En fait, il s'agit d'une situation de repli qui se déroule toujours « dans l'ordre le plus parfait » (15). Jean Saint-Laurent décédera de ses blessures le 11 juin, à l'Hôpital de Senlis, comme Léon Lasserre, à 23 ans, après 3ans et 9 mois de guerre, la plus longue durée des noms du monument de Cambes si l'on excepte Pierre Eugène Cadix qui est mort prisonnier en Allemagne en décembre 1918. Lucien Jean Saint-Laurent avait été cité à l'ordre du régiment le 18 juillet 1916 : « Malgré le Commandement n'a pas hésité à se porter au secours de deux camarades grièvement blessés. Ce soldat a toujours fait preuve du plus grand courage et a relevé le moral de ses camarades par sa gaîté et son entrain ». Il est de nouveau cité deux ans plus tard, le 29 juin 1918 : « Très bon chef de pièce, calme et courageux. Très grièvement blessé en combattant. Combats de juin 1918 ».

Claude Ernest Cabouillet est étudiant losqu'il est mobilisé à 18 ans et demi, à compter du 9 avril 1915. Il est dit affecté au 319ème RI alors qu'il est pilote. Il disparaît en combat aérien au bois de la Casse le 29 juillet 1918, après tout de même plus de 3 ans de guerre, près d'un site majeur de la seconde bataille de la Marne de juillet 1918, le Grand Rozoy, dans l'Aisne. Il avait 21 ans et demi. On peut rappeler ici qu'il n'y eut pas que des Guynemer, disparu le 11 septembre 1917 en Belgique, ou Roland Garros, tombé le 5 octobre 1918 à Vouziers (Ardennes).

 

Malgré une érection relativement tardive, le monument aux morts de Cambes, construction de belle facture, rend un nécessaire et bel hommage aux 42 morts pour la France (1914-1918) de la commune : c'est toute une génération des forces vives du village qui a été décimé.

 

NOTES

 

  1. Archives départementales de la Gironde, série 2 O 946.

  2. Antoine Prost, « Les monuments aux morts. Culte républicain ? Culte civique ? Culte patriotique ? », dans Les lieux de mémoire (dir. Pierre Nora), Tome 1, Quarto Gallimard, 1992, p.201.

  3. Ibid. p.204

  4. www.MemorialGenWeb.org

  5. Historique du 3ème RIC (1920).

    www.tableaudhonneur.free.fr

  6. Historique du 123ème RI.

www.tableaudhonneur.free.fr

(Cette source est intéressante. Le ton est quelque peu grandiloquent, on parle encore de Prussiens et de Boches, le soldat français est toujours héroïque et plein « d'entrain » (on est dans l'immédiate après-guerre) mais les opérations sont méticuleusement relatées et les descriptions souvent saisissantes).

  1. Historique du 344ème Régiment d'Infanterie, Imprimerie J. Delmas, Bordeaux, 1920.

www.tableaudhonneur.free.fr

(8) Ibid.

(9) Historique du 123ème RI

www.tableaudhonneur.free.fr

(10) Campagne 1914-1918

Historique du 412ème RI

Charles Lavauzelle. Editeurs militaires, 1923.

www.tableaudhonneur.free.fr

(11) Archives départementales de la Gironde, série R, registre matricule.

(12) Historique du 225ème RI

Librairie Chapelot, Paris.

www.tableaudhonneur.free.fr

(13) Archives départementales de la Gironde, série R, registre matricule.

(14) Historique du 9ème Régiment de cuirassiers

www.tableaudhonneur.free.fr

(15) Historique du 55ème RI. Lavauzelle (1920)

www.tableaudhonneur.free.fr

 

Gérard LOUSTALET-SENS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NOTICES INDIVIDUELLES

 

ALBERT Emile Gustave. Né le 4 octobre 1897 à Saint Vincent de Paul, Emile Gustave, manœuvre, est « réformé temporaire » en 1916 pour « insuffisance musculaire ». Il est classé « service auxiliaire » le 16 juillet 1917. Ayant sans doute en quelques mois pris suffisamment de muscle, il est incorporé le 5 août 1917 au 144ème RI. Il passe au 15ème puis au 12ème escadron du train le 29 août 1917. En 1914, le service du train des équipages militaires comporte 20 escadrons. Emile Gustave Albert décède le 9 avril 1918 à l'Hôpital de Montauban, victime, en service, d'un coup de pied de cheval, à 20 ans et demi. Son père reçoit un secours de 150 francs.

 

AUZARD Marc. Le destin de Marc peut paraître moins héroïque que d'autres. Il n'en est pas moins douloureux. C'est un jeune maçon de 19 ans -il est né le 24 avril 1896- qui est mobilisé le 9 avril 1915 au 107ème RI. Il va mourir à son domicile de Baurech d'une pleurésie contractée en service le 29 janvier 1916. Il n'avait même pas 20 ans.

 

BARRIERE Jean Louis. Natif de Cambes, le 2 novembre 1880, Jean Louis qui est cultivateur effectue son service militaire en 1901-1902 au 4ème Régiment de zouaves. Il est en occupation en Tunisie durant un mois. Rappelé le 12 août 1914, il est blessé par schrapnel dès le 24 octobre à Verdun. Les sources sur l'affectation de Jean Louis Barrière diffèrent. Soit c'est le 11ème RI (registre matricule) qui intervient du 20 au 24 octobre 1918 à Origny où le village de Mont-d'Origny est pris maison par maison ; soit c'est le 88ème RI (www.memoiredeshommes.fr) qui franchit l'Oise du 13 au 31 octobre sous un feu meurtrier. Jean Louis Barrière décède le 30 octobre de maladie à l'Hôpital Hôtel-Dieu d'Amiens. Il avait 37 ans. C'est le dernier mort de la guerre à Cambes (si l'on excepte le cas de Pierre Eugène Cadix). Il disparaît après 4 années et 2 mois de guerre à 12 jours de l'armistice.

 

BARRIERE Jean. Né le 30octobre 1887 à Camblanes-et-Meynac. Cultivateur, il est de la classe 1907 et effectue son service militaire au 123ème RI. C'est à ce même régiment qu'il est rappelé le 4 août 1914. Il est nommé caporal le 25 mars 1916. Il est tué à l'ennemi au Fort de Moulainville, à l'est de Verdun, à 26 ans, le 11 mai 1916 en même temps que deux autres cambais du 123ème, Claude François Martin et Michel Henri Godelièvre (voir article). Jean Barrière est titulaire de la croix du combattant, de la médaille de la Victoire et de la médaille commémorative.

 

BERNARD Valmont. Cultivateur de la classe 1913 (né le 14 juin 1893 à Cambes), il est incorporé au 1er Régiment de zouaves le 13 décembre 1913. Il est en Algérie pendant 8 mois. Il en revient le 2 août pour aller au front le 3 août. Il est blessé par éclat d'obus le 20 octobre 1916 à Chaulnes où les Allemands se sont retranchés au cours de la bataille de la Somme. Le 13 avril 1917, la Commission de réforme de Saint-Brieuc le propose pour la réforme avec « gratification de1ère catégorie » à 40%, le zouave de 2ème classe Valmont Bernard ayant accumulé les plus graves affections : « congestion persistante, troubles graves intestinaux, phlébite jambe gauche, évolution tuberculeuse pleuro-péritonéale ». Il meurt 2 mois plus tard à son domicile au lieu de St Amand à Cambes le 13 juin 1917. Il avait 24 ans et presque 3 années de guerre.

 

BEYRE Edgard. Enterré au cimetière de Cambes. Pas d'autres informations.

 

BRASSENS Jean Odile. Né à Cambes le 4 mars 1890, Jean Odile est orphelin de père et classé soutien de famille le 2 septembre 1911. Il est tonnelier. Le 10 octobre il est dirigé sur le 144ème RI caserné à Bordeaux. 2ème classe puis 1ère classe, il est placé en réserve de l'armée active le 8 novembre 1913. C'est pour être rappelé 10 mois plus tard, le 3 août 1914 toujours au 144ème RI. Il est caporal le 25 mars 1916. Il est tué à l'ennemi le 16 avril 1917 au combat du plateau de Paissy (son arbre et sa tour sont célèbres) dès le début de la bataille du Chemin des Dames. Il avait 27 ans et 2 années et 8 mois de guerre derrière lui.

 

CABOUILLET Charles Ernest. Etudiant, né à Frontenac le 31 octobre 1896, Charles Ernest est mobilisé à 18 ans et demi le 9 avril 1915. Le registre matricule le dit caporal au 319ème RI. Il est pilote et disparaît en combat aérien au bois de la Casse le 29 juillet 1918, à 21 ans et demi après 3 années et 3 mois de guerre, au Grand Rozoy, un site majeur de la seconde bataille de la Marne (voir article).

 

CADIX Pierre Eugène. Ce vigneron né à Baurech le 15 octobre 1882 est tambour au 80ème RI pendant son service militaire. Il est rappelé le 12 août 1914 au 144ème ou au 344ème RI, selon les sources. Etant donné son âge alors, 32 ans, c'est sans doute plutôt le 344ème, régiment de réserve du 144ème. Il est probablement passé au 144ème en cours de campagne. En tout cas il est porté disparu le 5 septembre 1916 à Vaux-Chapitre lors d'une contre-attaque. Il a en réalité été fait prisonnier. Il meurt de pneumonie, à 36 ans, le 8 décembre 1918, après plus de deux ans de captivité, au lazaret du camp de Sagan. Le camp de Sagan était un camp de prisonniers en Silésie alors allemande où sont enterrés de nombreux Français comme, par exemple, Alcide Dupeyroux de Quinsac. Pierre Eugène Cadix est à la tombe 216. Un secours immédiat de 150 francs a été versé à ses ayant-droits.

 

CAPDEVIELLE Jean. Né à Baurech le 3 octobre 1875, tonnelier de profession, il est mobilisé le 14 août 1914 au 140ème Régiment d'Infanterie territoriale, passe au 73ème le 5 juin 1916. Ce régiment est dissous en avril 1917 avec la 87ème Division dont il faisait partie. La nouvelle affectation de Jean Capdevielle n'est pas précisée. Il est en tout cas porté disparu au Chemin des Dames, le 27 mai 1918, le jour même où Ludendorff lance une ultime offensive. Ce sera la troisième bataille de l'Aisne.

 

CARREYRE Pierre. Tonnelier de 20 ans, né le 2 avril 1894, il est incorporé le 3 septembre 1914 au 20ème RI cantonné dans le secteur meurtrier de Somme-Suippe dans la Marne. Malgré la neige, une attaque est déclenchée le 16 février. Pierre Carreyre succombe dès le premier jour, à Perthes les Hurlus après 5 mois de campagne. Il avait 20 ans et 10 mois (voir article).

 

CHAMPAGNE Elie. Jardinier de profession, né à Castillon, le 17 juin 1883, il fait son service au 57ème RI en 1905. Passé soldat de 1ère classe, il se rengage pour 2 ans le 12 août 1907. Il est caporal au 1er octobre 1907 et passe dans la réserve le 11 février 1910. Classé sans affectation de guerre, il est repris par l'administration des postes en qualité de facteur à Cambes le 10 août 1910. Il est mobilisé le 4 septembre 1914 et rejoint le 144ème RI, régiment caserné à Bordeaux et qui recrute les mobilisés de Bordeaux, Blaye, Libourne. Le 144ème, après la bataille de Charleroi en 1914, participe à la bataille de l'Aisne en janvier 1915. Elie Champagne y est tué à l'ennemi le 11 janvier 1915, à 30 ans, après 4 mois de guerre, à Vendresse.

 

CHRETIEN Augustin. Tonnelier né à Cambes le 27 avril 1886, il fait son service militaire de deux ans du 7 octobre 1907 au 25 septembre 1909 au 12ème RI. C'est dans ce même régiment qu'il est rappelé à l'activité le 4 août 1914. Après avoir sans doute participé avec le 12ème à la bataille de Charleroi, Augustin Chrétien tombe, tué à l'ennemi, dès le 21 septembre sur le site du moulin de Vauclerc, un de ces objectifs plusieurs fois pris, perdu, repris... près du village d'Oulches (le registre matricule parle d'Oulches et le site Memoiredeshommes de Vauclerc, mais c'est la même chose, comme est également proche un site célèbre dit Caverne du Dragon). Il avait 28 ans et 2 mois de campagne.

 

DOS SANTOS Martin. Après avoir effectué son service au 23ème RI comme soldat de 1ère classe entre 1909 et 1911, il passe à la disponibilité le 24 septembre 1911. Champignonniste de 26 ans, né à Cambes le 27 mars 1888, il est rappelé le 3 août 1914, au 7ème Régiment d'Infanterie coloniale. Il est évacué sur le dépôt des « éclopés » de Toul le 14 août 1915. Il retrouve le front le 13 septembre. Le 7ème RIC va participer à la seconde bataille de Champagne engagée le 28 septembre. Le régiment passe en première ligne le 9 octobre alors que la bataille, en principe, prend fin. On est dans le secteur de Somme-Suippe, Les combats, arrêtés le 1er octobre par le général Pétain, ont en fait repris le 6. Le 9, le 7ème RIC relève le 35ème RIC, il sera sera lui-même relevé le 11. Martin Dos Santos meurt de ses blessures le 10. A un ou deux jours près, il était sauvé. Au moins pour cette fois... Il avait alors 27 ans et 7 mois et un peu plus de 1 an de campagne. Il est titulaire de la Médaille commémorative de la Grande Guerre et de la Médaille de la Victoire. Il a sa tombe à Cambes.

 

DUBOURDIEU Gabriel Raymond. Ce jeune cultivateur, né à Moulon le 29 février 1896, est incorporé à 19 ans et 2 mois, le 9 avril 1915, au 57ème RI. Nommé caporal le 9 août 1916, il est blessé par un éclat d'obus à Denicourt le 6 septembre 1916. Il passe au 212ème puis au 19ème RI le 5 décembre 1917. Il est tué à l'ennemi au Bois Mortier (ou Bois de Mortier), le 7 février 1918, dans la commune de Quincy-Basse (Aisne), un de ces objectifs dominant la rivière l'Ailette disputés durant toute la durée du conflit. Gabriel Dubourdieu avait alors 22 ans et demi et derrière lui presque 3 années de guerre.

 

DUCASSE E. Pas d'informations.

 

FOUROUET G. Pas d'informations.

 

GERMOND Pierre. Bien que né à La Tresne, le 27 juillet 1875(?), il n'a pas été retrouvé sur le registre matricule de la Gironde. Il a 39 ans et 9 mois lorsqu'il est incorporé au 3ème Régiment d'Infanterie coloniale alors que, vu son âge, il relevait plutôt de la Territoriale. Il meurt de ses blessures, à Braux Sainte Cohière, le 10 avril 1915, peut-être au cours d'un épisode de cette « guerre des mines » où le 3ème RIC était alors engagé (voir article).

 

GODELIEVRE Michel Henri. Jardinier né à Pineuhih le 29 septembre 1893, il est donc de la classe 1913 et incorporé à 20 ans au 123ème RI. Il meurt le 12 mai 1916, à Verdun, au Bois de la Caillette, en même temps et même lieu que Jean Barrière et Claude François Martin, à 22 ans et 8 mois après 1 an et 4 mois de guerre. Il est titulaire de la Croix de guerre et avait été cité à l'ordre du Régiment le 30 octobre 1914 (voir article ).

 

GOMBEAU Jean. Il est né à Saint-Caprais le 30 mars 1986. Il est tonnelier. Jean est de la classe 1916, en pleine guerre. Il fait partie de ces ajournés pour « faiblesse » que l'on retrouve rapidement sur le front. Il est classé service armé dès mars 1917 et incorporé le 3 septembre 1917 au 9ème bataillon du 42ème Régiment d'infanterie coloniale. Le 24 juin 1918, il passe soit au 173ème RI soit au 73ème, les sources sont contradictoires. Il est porté disparu et tué à l'ennemi le 15 juillet 1918 à 22 ans après 1 an de campagne. D'après le lieu indiqué, Vassy, il semble bien que ce soit la forêt de Vassy, proche de la petite ville de Dormans, dans la Marne, que défendait le 73ème RI et objectif d'un intense bombardement allemand dans la nuit du 14 au 15 juillet. C'est très probablement ici, dans les rangs du 73ème, que Jean Gombeau a perdu la vie.

 

GRELOT Philippe Désiré. Cultivateur, il est né à Cambes le 23 mai 1897 ; il fait partie des dernières classes mobilisées. Il est orphelin de mère. Il est, dans un premier temps, exempté sous la curieuse mention d' « infantilisme », sans doute en raison de sa petite taille : 1,48m. Il est tout de même classé dans le service armé par le conseil de révision de la Gironde le 3 juin 1916. Il est incorporé à compter du 8 août 1916 (le corps n'est pas mentionné). Il passe au 18ème RI le 14 avril 1917 puis au 415ème le 28 octobre. Philippe Grelot sera tué au combat des Marquises, secteur de Courmelois, dans la Marne, le 15 juillet 1918, à 21 ans, après deux années de guerre, à 4 mois de l'armistice.

 

LAPORTE Jean Pierre Henri. Militaire de carrière, le capitaine Henri Laporte n'aura pu combattre que 2 mois et demi. Il succombe, tué à l'ennemi, à 48 ans, le 18 octobre 1914 selon le Livre d'Or, le 18 décembre selon Memoiredeshommes... Le lieu : Jonchery sur Suippe. Ce village, dans le quadrilatère de Suippe, avec Perthes les Hurlus, Somme-Suippe, porte de nombreux stigmates de la Grande Guerre et est aujourd'hui nécropole nationale. Au dernier trimestre de 1914, le front s'était stabilisé mais on y mourrait encore. Henri Laporte est né à Tarbes (Hautes-Pyrénées) le 18 juin 1866. Le jugement le déclarant Mort pour la France est rendu à Tarbes mais transmis à Bordeaux à l'adresse de Mlle Trille, 190 rue Saint-Genès. Son apparition au monument de Cambes n'est pas documentée.

 

LANES Henri Georges Victor. Né le 12 mai 1978 à Foix dans l'Ariège, il est lieutenant de vaisseau. Il est affecté au Détachement d'Armée de Belgique du 2ème Régiment de fusiliers-marins. Il est à la protection de Dunkerque et mortellement blessé au commandement de ses hommes à Rosendaël, près de Dunkerque le 25 octobre 1914, à 36 ans (voir article).

 

LASSERRE Léon. Il est tonnelier, né à Cambes le 9 mars 1888. Il a effectué son service militaire d'octobre 1909 à septembre 1911 au 8ème Régiment de cuirassiers. Il est rappelé le 3 août 1914 au 18ème escadron du train, il passe au 14ème Régiment d'artillerie le 23 janvier 1916. Il est cycliste et porteur des dépêches. Son régiment est à la défense du secteur d'Assainvillers. Léon Lasserre meurt de ses blessures à l'Hôpital mixte de Senlis, touché dans une de ses missions, le 8 avril 1918. Il avait 30 ans et 3 années et 8 mois de guerre (voir article).

 

LATASTE Jean Ismaël. Cultivateur, il est né à Saint-Caprais le 2 décembre 1892. Il est engagé volontaire pour 3 ans comme cavalier au 15ème Régiment de Dragons. Il passe au 1er Régiment de Chasseurs le 1er juin 1916 puis au 5ème Régiment de cuirassiers à pied le 10 janvier 1918 et enfin au 9ème Régiment de cuirassiers à pied le 27 mars 1918. Il est, avec son régiment, dans le secteur du Plessis de Roye à la défense du village de Lassigny dont la position est convoité par les Allemands. C'est là que, le 17 mai, Jean Ismaël Lataste laisse sa vie au combat. Il avait 30 ans et 3 ans et 8 mois de guerre (voir article).

 

MARTIN Claude François. Etudiant en médecine né à Bordeaux le 25 octobre 1893, d'abord ajourné pour « faiblesse » en 1894, est appelé à l'activité en 1896. Il est médecin auxiliaire de réserve au 144ème RI à Bordeaux, au service de santé du 18ème Corps, puis médecin-major de 2ème classe de réserve et placé à la disposition du général du 18ème Corps. Il est mobilisé en cette qualité le 2 août 1914 au 123ème RI. Il est tué à l'ennemi, le 11 mai 1916, au bois de la Caillette, au cours de la bataille de Verdun, la veille de la mort de Henri Godelièvre qu'il a peut-être croisé au 123ème. Il avait 21 ans et demi (voir article).

 

MAUBRAC Jean. Tonnelier né à Cambes le 20 janvier 1886, il effectue son service en 1907 et 1909 au 22ème bataillon de chasseurs à pied. Il est chasseur de 1ère classe en 1909. Il est rappelé le 4 août 1914 au 20ème RI. Il tombe dès le 24 août à Etain dans la Meuse face à l'offensive allemande, à 28 ans et 7 mois après 20 jours de combat. C'est le premier mort cambais de la guerre (voir article).

 

MOURGUES Jean Hubert. Natif de Cambes, né le 8 avril 1888, il est boulanger. Il est engagé volontaire pour 3 ans, le 1er novembre 1907, à Bordeaux, au 57ème RI. Il y est musicien. Il passe donc dans la réserve le 12 novembre 1910. Il est rappelé le 3 août 1914 au 257ème RI puis au 344ème, 15ème Compagnie, le 21 juin 1916. Il succombe le 3 septembre 1916 devant Verdun, à 28 ans, dans des conditions de combat particulièrement difficiles (voir article).

 

NATTES Jean André René. C'est un jeune charpentier de 20 ans, il est né le 4 mai 1895, lorsqu'il est incorporé au 108ème RI. Il est blessé par un éclat d'obus le 3 janvier 1916. Il passe au 412ème RI qui est au dégagement de Verdun de juin à octobre 1917, sur la côte 344. Jean Nattes y perd la vie dès le début de l'attaque le 20 août 1917, à son poste de tireur d'élite. Le Régiment sera cité à l'ordre de la IIème Armée et Jean Nattes lui-même cité à l'ordre du Régiment. Il avait 22 ans et 2 années et 8 mois de guerre (voir article).

 

PAGES Victor Raoul. Il vient de Barsac où il est né le 12 janvier 1893. Il est valet de chambre. Il est ajourné classiquement pour « faiblesse » par le conseil de révision et même maintenu ajourné le 6 mars 1914. Cela ne l'empêche pas d'être incorporé à compter du 16 décembre 1914 au 36ème RI. Le 25 septembre 1915, lors de la troisième bataille de l'Artois, il est évacué pour « plaie pénétrante de la région inguinale droite, fêlure du col du fémur », blessures reçues « au cours du combat de Neuville St Vaast » dans le Pas-de-Calais. De retour au front, il passe au 110ème RI, il fait la campagne de Flandres et perd la vie au combat de Boesinghe en Belgique. Il avait 24 ans et 7 mois et fait 2 années et 8 mois de campagne en dépit de sa supposé « faiblesse » !

 

PAILLOU Armand René. Charpentier né à Cambes le 21 avril 1886, il fait partie de ces ajournés pour « faiblesse » qui seront promptement mobilisés. Armand René aura même droit aux colonies, Algérie et Maroc, fin 1907-début 1908. En octobre, il était passé par le 2ème Régiment du génie, formation qu'il retrouve le 4 août 1914 lorsqu'il est rappelé. Il est tué au combat de Pontavert dans l'Aisne dès le 16 septembre 1914 à 30 ans après 1 mois de campagne. C'est le deuxième mort cambais de la guerre (voir article).

 

PAILLOU Armand Jean. Né à Cambes le 17 septembre 1887, c'est le frère cadet de Armand René. Il est tonnelier. Il est dirigé vers le 134ème RI le 6 octobre 1908. En disponibilité le 22 septembre 1910, il est classé service armé et affecté au 144ème RI. Il est donc rappelé à ce régiment le 4 août 1914. Le 25 février 1915, il passe au 175ème RI dans les rangs duquel il est blessé. En mars, le régiment embarque pour le Front d'Orient et débarque sur la plage de Sedd-Ul-Bahr. Après plusieurs mois de combat contre les Turcs, le régiment reçoit l'ordre de partir pour Salonique. L'ordre est du 26 septembre. C'est juste à cette date que Armand Jean décède de ses blessures dans l'ambulance, sur cette même grève de Sedd-Ul-Bahr où le capraisien Edouard Gaubert, également du 175ème, était mort le 28 avril. Tous deux auront la médaille de la Victoire et la médaille commémorative. Armand Jean Paillou avait 28 ans et 1 an de campagne.

 

PEYRON L. Pas d'informations.

 

PINAUD Alfred. Natif de Saint-Martial (Charente-Maritime ex-inférieure) le 9 octobre 1886, il est affecté au 234ème RI. Le 20 juin 1915, le 234ème attaque à 23 heures le bois Zeppelin entre Reillon et Leintrey en Meurthe-et-Moselle. Alfred Pinaud est dans la 23ème compagnie qui forme la colonne de droite avec la 17ème. Cette attaque de nuit est un succès, le bois Zeppelin est pris. Dès le 21, les Allemands contre-attaquent . Alfred Pinaud est tué le 22 juin 1915 à 28 ans.

 

SAINT-LAURENT Lucien Jean. C'est un peintre en bâtiment de 20 ans (il est né le 24 août 1894) qui est mobilisé, sans attendre, le 4 septembre 1914. Il fera ses presque 4 ans de guerre au même 55ème RI. C'est le 10 juin 1918 qu'il est mortellement blessé dans la défense de la rive sud du Matz en Picardie. Il décédera de ses blessures à l'Hôpital de Senlis le 11 juin 1918 à 23 ans et 10 mois. Il est deux fois cité à l'ordre du régiment, le 18 juin 1916 (il est nommé caporal le 27 juillet 1916) et le 29 juin 1918 pour le combat de Marest-sur-Matz (voir article).

 

SORGES Pierre Léo. Ce champignonniste né à Espiet le 23 février 1878 est rappelé le 13 août 1914, à 36 ans. Après avoir été ajourné pour « faiblesse » en 1899, il fait ses deux ans de service militaire au 18ème RI du 15 novembre 1900 au 20 septembre 1902. Il a eu droit à des périodes d'exercice de chaque fois 25 jours en 1905 et en 1908. Il passe du 30ème Régiment d'Infanterie coloniale au 225ème RI le 12 juin 1917. Il sera à Verdun. Il est tué à l'ennemi au Bois des Carrières, près de Bezonvaux à 39 ans et 9 mois. « Bon soldat grenadier », il sera cité à l'ordre du 225ème le 21 novembre 1917. Trois ans de campagne et une citation : il avait été ajourné pour « faiblesse » ! (voir article).

 

SOULE Jean-Baptiste. Il est né à Lescun dans ce qui était alors les Basses-Pyrénées le 17 septembre 1880. Mobilisé sur le Front d'Orient en tant qu'infirmier, il va mourir à plus de 36 ans, le 27 janvier 1917 d'un paludisme contracté en service. Il décède à l'Hôpital temporaire de Zeitenlick en Grèce loin de son Béarn natal. Le site du camp de Zeitenlick est décrit comme malsain, désertique et marécageux, il était pourtant le point de passage des régiments débarqués à Salonique. Une nécropole militaire française y abrite 6262 tombes.

 

SOULIE Jean Armand. Tonnelier né à Cambes le 10 avril 1875, il effectue son service militaire au 125ème RI à compter du 16 novembre 1896. Il est nommé caporal le 5 novembre 1897. Rappelé à 39 ans, le 14 août 1914, il est versé, étant donné son âge, au 140ème Régiment d'Infanterie territoriale. Ce type de formation n'est pas, en principe, en première ligne. Cela n'empêchera pas Jean Armand Soulié d'être mortellement blessé à Sailly-sur-la Lys, dans le Pas-de-Calais, le 28 mars 1915. Il était à quelques jours de son quarantième anniversaire. Il avait 7 mois de campagne (voir article).

 

TRINQUE François. Il est né à Cambes le 8 février 1880. Tonnelier de profession, il a fait son service au 18ème RI à compter du 16 novembre 1901 et a été « réformé temporairement » le 3 août 1903 pour une forme d'adénopathie. Il est bien entendu rappelé à l'activité le 11 août 1914, au 211ème RI. En octobre 1914, la guerre de mouvement est terminée, ce mois est une période de calme relatif. Le front s'est stabilisé, il passe par Vaux les Palameix, c'est là que François Trinque est tué à l'ennemi le 11 octobre. Il avait 34 ans et 8 mois et seulement 2 mois de présence au front.

 

VIALLA Georges. Etudiant né à Bordeaux le 7 novembre 1896, il a donc à peine 18 ans lorsqu'il se porte engagé volontaire le 9 janvier 1915. Il est cavalier au 8ème Régiment de cuirassiers. Il est promu aspirant « pour prendre rang » le 1er septembre 1915 et affecté au 6ème cuirassiers. Il est sous-lieutenant « à titre temporaire » quand il passe au 123ème RI, le 24 février 1916. Le 5 mai 1917, le 123ème part à l'assaut du plateau de Vauclerc et l'emporte. Le sous-lieutenant Georges Vialla y périt à 20 ans et demi après 2 années et 4 mois d'une guerre où il a sacrifié sa jeunesse.

 

LAFON B. Pas d'informations.

 

VIDEAU L. Pas d'informations.

 

Gérard LOUSTALET-SENS

 

(Publié dans l’ouvrage Les monuments aux morts de la Grande Guerre dans le Créonnais (sous la direction de Laurent Coste). Edité par la Société Archéologique et Historique du Créonnais).