L'esprit du macronisme (IV)
L'esprit du macronisme (IV)
Le bourgeois macronien est près de son « pognon ».De nombreux commentaires s'indignent de « bosser » pour entretenir le train de vie fastueux de cette famille dépravée de G.J. (voir chroniques précédentes) : « C'est parce que je redonne 1 mois et quart de mes revenus que ce couple peut vivre mieux... Mes impôts (servent) à payer des vêtements de marque que je n'achète pas moi-même... (Leur) salaire est plus que doublé par les transferts sociaux payés par les impôts prélevés sur les riches... Je paye 900€ par mois, les riches comme moi payent pour que A. et J. aient des enfants ».... Et quelle ingratitude ! « (Ils) attendent que les autres payent plein pot pour subvenir à leurs besoins... (Ils) pensent que les riches qui eux bossent pour leur fournir la moitié de leurs revenus sont des profiteurs »... Mais attention : « Les bobos macroniens (sic) en ont marre de se faire tondre en impôts pour financer de soi-disant pauvres... Ceux qui payent leurs impôts vont se dire un jour que cette solidarité est un abus... Ceux qui payent leurs impôts ne veulent plus sponsoriser des irresponsables qui vivent sur le dos des autres... J'en ai marre de payer des impôts pour des irresponsables parasitaires »... Et ainsi de suite, autant de criailleries très significatives de l'élévation de pensée du macronien moyen.
Le bourgeois macronien a tout de même un cœur. Il dit plaindre les malheureux enfants de ces parents indignes : « Pauvres gosses d'avoir des parents irresponsables... J'ai le cœur serré pour les petits ». Mais c'est pour mieux les enfoncer : « Je connais la suite, les enfants en difficulté à l'école, le couple qui s'ennuie et divorce un jour ou l'autre, garde alternée, mère isolée... Enceinte à 17 ans, aucun diplôme, des enfants en guise de statut social, pas de contraception, logement insalubre, séparation à venir, et les enfants feront de même... Il est très probable que les enfants reproduiront le schéma de leurs parents... On sait comment cela va finir, surendettement, séparation, placement des enfants »... On nage en plein misérabilisme. La sociologie de comptoir du bourgeois macronien a ceci de pratique qu'elle permet à la fois de célébrer les mérites individuels du « premier de cordée » qui ne devrait sa supposée réussite qu'à de brillantes dispositions personnelles -une fable à laquelle il finit par croire- et, à l'inverse, de confiner les classes populaires dans une sombre reproduction collective de pratiques délétères, une sorte d'inéluctable atavisme de classe caractérisé par la paresse, l'ignorance, une sexualité débridée... Il y aurait ainsi une fatalité à l'absence de la moindre vertu ou talent dans les basses classes les mettant à la charge de ceux qui « bossent ». Rien à voir, évidemment, avec la reproduction sociale analysée par Bourdieu comme inhérente à la domination de classe.
La haute estime de lui-même du bourgeois macronien le rend même aveugle à ses propres pratiques de classe. Alors qu'il se vautre sans vergogne dans les séductions de la société de consommation, il ose reprocher à une famille pauvre de ne pas s'en refuser quelques modestes miettes. Smartphones, vêtements à la mode pour les enfants, un MacDo mensuel deviennent le comble d'un révoltant dévergondage ! Il lui est même fait grief d'avoir un chien ! Tout animal de compagnie devrait sans doute être interdit en deça d'un certain revenu. Si le gaspillage du pauvre est scandaleux, le gaspillage du riche est vertueux, il roule en 4X4 mais n'achète que des légumes bio.
Trois commentaires, pour terminer, résument bien l'esprit du macronisme :
1.le pauvre doit être conscient de sa condition inférieure, rester à sa sa place et courber l'échine, « faites moins de gosses, renoncez aux iphones, aux vacances, vivez dans de petits apparts, travaillez autant que nécessaire » ;
2.le pauvre n'est qu'à demi civilisé, capable de toutes les barbaries, il est une menace constante pour l'ordre établi et doit être tenu sous tutelle, « si on laissait faire les G.J. : pillage de tous les magasins, expulsion des propriétaires nantis de leur logement, règlements de compte... et la dictature » ;
3.le riche, être d'élite, peut seul par son génie et sa bienveillance assurer la bonne marche de la société, « il faut rémunérer davantage les entrepreneurs pour que les salariés bénéficient de leur dynamisme. Seule la théorie du ruissellement peut sauver ce couple » .
Et ils appellent ça le « progressisme » !
NIR 224. 31 mars 2019.