Commentaire

Je suis en parfait accord avec ce que tu dis du mouvement des « indignés ». A vrai dire, je n'y avais pas trop réfléchi. J'ai été agacé par la niaiserie des louanges qui leur sont adressées de partout, y compris de la part du Parti toujours inquiet de louper un train où il y aurait des « gens ». Ces « gens » m'exaspèrent et cela fait des années que je combats cette expression que Marie-Georges Buffet utilisait à satiété sans même se rendre compte que c'était une façon de ne pas parler des salariés, des travailleurs, des exploités et, en fin de compte, de la lutte des classes.

Pour ce qui est des « indignés », j'avais quand même l'intuition d'une domination de l'ethos petit- bourgeois se manifestant par l'individualisme et la seule (ou presque) revendication d'une part du gâteau. D'ailleurs le mot d'ordre d'une gauche de gauche ne devrait pas être « partager les richesses » mais bien : mettre en commun les richesses. Ce qui me paraît en outre une définition simple du communisme et en tout cas radicalement opposée à l'individualisme libéral.

Je te remercie donc d'avoir donné forme à mes intuitions sous ce titre qui dit tout : « Indignation moyenne ». A tous points de vue !

Pour le second texte, « Feuille de vigne », il est évidemment très juste. Peut-être l'aurais-je aimé plus sévère. Cette affaire de Sciences Po est, il me semble, plus qu'une feuille de vigne. N'y retrouve -t-on pas la pratique des instituteurs « républicains » d'autrefois distinguant le petit paysan méritant digne d'aller en 6ème ? C'est toute l'idéologie méritocratique du système qu'il faut dénoncer, le rôle du mérite scolaire, je ne te l'apprends évidemment pas, étant de naturaliser en destins individuels des trajectoires socialement construites. Quant à « l'égalité des chances », ce n'est pas, je crois, seulement un mythe mais bien une arme du système, une forme de la concurrence libérale où l'on ne postule l'égalité au départ que pour mieux légitimer l'inégalité à l'arrivée. Sans parler de l'imposture qui lui est liée, celle de « l'ascenseur social » : il n'y a jamais eu d'ascenseur social, ce qui suppose d'ailleurs d'accepter comme inévitable qu'il existe une hiérarchie sociale, mais tout au plus -image pour image- un escalier de service malaisé pour les rescapés des classes populaires...