ROMAN NATIONAL

Dans un texte précédent paru dans le blog, le 23 mai, sous le titre « Esclavage », un correcteur zélé me fait parler de « Roman international ». Expression inconnue de moi : j'avais évidemment écrit : Roman national. Ce qui me permet de préciser de quoi il s'agit. On appelle Roman national le récit mythique et édifiant, dont l'ancêtre est Lavisse, d'une histoire de France conçue comme l'évangile d'une sorte de religion nationale séculière. Ce récit instrumentalise des faits historiques plus ou moins avérés pour en faire une espèce de légende supposée être la dépositaire de l'identité nationale et le ferment de la cohésion nationale. 

    1. Max Gallo est un intarissable catéchiste de cette religion nationale, une sorte de théodicée où l'histoire de France est célébrée comme une réalisation providentielle et la nationalité comme un acte de foi. La Traite négrière fait évidemment tache dans ce panorama enchanté et, par exemple, M. Pierre Nora, dans ses monumentaux Lieux de mémoire (Gallimard, 1997), l'ignore totalement. Il est parfaitement respectable d'adhérer à cette démarche, mais en tant que croyant, pas en tant qu'historien.

      (Texte paru sur le blog du journal Sud-Ouest, 27 mai 2014)